Ce mois-ci, notre campagne d’Année nous invite à lire et à travailler un passage du livre du Prophète Amos. Est-ce encore d’Actualité? Que nous dit-il aujourd’hui? Ci-après un texte publié dans Croire et qui peut nous aider. Henri                           Qu’est-ce qu’un prophète ?
Spontanément, nous voyons dans la prophétie une annonce de l’avenir. En fait, le prophète, qui parle « au nom du Seigneur », est d’abord un homme du présent. Que voit-il dans le présent ?
Le prophète est le porte-parole de Dieu.
Lorsque le peuple d’Israël s’égare, les prophètes lui rappellent sa vocation de peuple élu par le Seigneur. Les prophètes sont des hommes libres, souvent le ton de leurs propos est vif, ils pointent les erreurs et les fautes, ils tancent chacun du roi au plus petit, mais ils savent aussi encourager et consoler les hommes et les femmes d’Israël. Certains annoncent le venue du Messie. Dans la Bible on les classe traditionnellement en deux groupes : les 4 « grands prophètes » et les 12 « petits prophètes ».
Les 12 petits prophètes sont Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie
Les 4 grands prophètes sont Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et Daniel.
Amos, un simple berger, rude, tout comme sa prédication l’est pour Israël, mais pas rustre ni inculte pour autant. La prédication d’Amos se situe sous le règne prospère de Jéroboam II, en 750.
Amos est le contemporain d’Osée. Tous deux sont les premiers prophètes dont l’enseignement figure dans les Livres saints. Il vient de Juda, le royaume du sud. Mais il se sait envoyé chez ses voisins du nord, au royaume d’Israël. Il n’est ni prêtre, ni prophète reconnu. Plutôt prophète improvisé. Une sorte d’observateur de son temps, « le premier journaliste », dira Ernest Renan. Mais un journaliste engagé, qui fustige les puissants.
Un prophète virulent
Il part ainsi s’adresser à ses voisins d’Israël. Un peu comme si un protestant allait menacer des pires châtiments, au nom de Dieu, ses frères catholiques ou orthodoxes ! Il choisit mal son moment : le pays vit en paix, il est riche et prospère sous Jéroboam. Aussi, quand Amos dénonce « le luxe des constructions en pierre de taille » de Samarie (5, 11), ou « les divans somptueux qui servent aux réceptions » (3, 12-15), le succès n’est pas garanti.
Une dénonciation des riches
Mais pourquoi cette ire contre Israël ? Parce que l’écart grandissant entre pauvres et riches n’y émeut plus personne. Et la colère d’Amos gronde. « Écoutez, vaches du Bashan, s’écrie-t-il à l’adresse des femmes de Samarie, vous qui paissez sur la montagne de Samarie, opprimant les indigents, broyant les pauvres… Vous sortirez par des brèches et vous serez rejetées, oracle du Seigneur » (4, 1-3).
Et ce n’est pas fini. Les coups les plus terribles seront pour les religieux. Contre le sanctuaire de Béthel. « Je déteste, je méprise vos pèlerinages… Éloigne de moi le brouhaha de tes cantiques… » (5, 21, 24). Voilà le vrai motif de ses imprécations : qu’est-ce que l’Alliance unissant Dieu à son peuple, et qu’est-ce qu’un culte, si les exigences du droit et de la justice ne sont plus respectées