La souffrance et la mort ! Sont-ils des thèmes tabous ? Malheureusement oui pour une partie de notre société qui préfère la jeunesse, la performance et les premiers de cordée ! cependant c’est un thème qui intéresse encore nombre de nos concitoyens. La preuve : 150 personnes s’étaient déplacées jeudi 12 mai dernier à Vannes dans la maison du diocèse,  pour venir écouter et échanger avec Sœur Roxane lors d’une conférence organisée par le M.C.R.

Sr Roxane native de la Suisse est actuellement responsable de la congrégation des augustines à Malestroit et a exercé pendant plus de 15 ans son métier d’infirmière en soins palliatifs se mettant, selon ses propres mots, au service de Dieu et de l’Homme souffrant.

Cette conférence était une suite logique à celle donnée par le Dr Mignot, responsable des soins palliatifs dans cette même clinique de Malestroit , ayant pour titre : « Soins palliatifs : osons la vie ! » vous l’avez compris ! L’enjeu se situe bien du côté de la vie et des plus vulnérables ! Avec cette lancinante question : comment puis-je faire pour me faire proche ?

Je n’ai pas l’ambition de faire un compte-rendu ce cette très belle conférence donnée par Sr Roxane, et je me limiterai à vous donner quelques points qui m’ont apparu essentiels.

Beaucoup de belles phrases ont été écrites sur la souffrance, mais nous ignorons ce qu’elle est réellement. Lorsque je l’ai découverte j’en ai pleuré ! (Mgr Veuillot). La souffrance a-t-elle un sens ? Non au dolorisme mais la souffrance peut révéler l’être humain à lui-même en lui permettant de se reposer la question des valeurs fondamentales de toute vie humaine et de la transcendance. Je suis une personne unique et quel rapport j’entretiens avec Dieu ? Avant la mort, la vie est souvent passée au tamis, c’est le moment de vérité et l’essentiel prévaut ! Mais les soignants le savent bien : le malade passe régulièrement par des phases successives opposées ! L’envie d’en finir lorsque la douleur est trop forte et le désir de vivre quand elle s’est atténuée !

D’où cette nécessité absolue d’accompagner les personnes en fin de vie. Accompagnement qui nécessite disponibilité, présence, écoute, délicatesse et grande compassion et parfois même de la duplicité qui permet d’envisager la mort comme une 2ème naissance conduisant à la vie céleste, d’où cette locution audacieuse : c’est la maternité du ciel !

Quelques mots retenus et cités par Sr Roxane : fragilité et vulnérabilité, entendre le souffle du malade , rencontre nouvelle au creuset de nos blessures qui devient lieu de fécondité. Changer son regard et regarder l’autre, quitter ses certitudes et accepter les interrogations du malade conduit vers un chemin de plénitude.

Tout cela demande humilité et temps ce dont notre monde contemporain n’a plus !

Pour terminer Sr Roxane nous a rappelé avec enthousiasme que Jésus attachait du prix à la vie corporelle, qu’il prend soin de son frère, qu’il ne valorise pas la souffrance que c’est la personne qui prévaut, qu’il dépasse toujours la maladie et que ses actes ont toujours une dimension spirituelle qui ouvre un chemin de libération. Dans la parabole du bon samaritain, tout est fait et tout est dit, c’est un 1er prototype de l’institution hospitalière !

Parfois le silence de Dieu peut nous paraître comme un abandon, ce silence permet toujours à l’homme de décider en liberté et responsabilité. Aujourd’hui, Jésus agonise dans des souffrants, nous pouvons secourir Jésus !

Quelques mots enfin sur notre église qui doit faire preuve de miséricorde et souvenons-nous que nous serons jugés sur nos actes d’amour– St jean de la Croix – ; des actes qui doivent participer à une meilleure communion entre les chrétiens, un échange plus profond entre l’église et la société.

Henri COUDRON