Notre campagne d’année nous invite à aller vers les autres et à mettre nos talents au service de nos frères. Depuis très longtemps, et même depuis ses premiers pas – Evangile de Jésus – l’Eglise universelle nous y incite. Depuis l’encyclique Rerum Novarum publiée en 1891 par le pape Léon XIII, de nombreux textes ont été publiés sur ce thème et en particulier plusieurs encycliques ont repris, précisé, détaillé la pensée sociale de l’église. Ci-dessous, vous trouverez une présentation de cette doctrine sociale de l’église, elle est incomplète, mériterait d’être enrichie, mais j’espère qu’elle vous permettra de mieux appréhender des thèmes qui peuvent parfois nous rebuter! Henri
La doctrine sociale de l’église a, par elle-même, la valeur d’un instrument d’évangélisation. En tant que telle, en tout temps et à tout homme, elle annonce Dieu et le mystère du salut dans le Christ, et, pour la même raison, elle révèle l’Homme à lui-même.
Sous cet éclairage, et seulement sous cet éclairage, elle s’occupe du reste :
. les droits humains de chacun, la famille et l’éducation, les devoirs de l’état, l’organisation de la société nationale et internationale, la vie économique, la culture, la guerre et la paix, le respect de la vie depuis le moment de la conception jusqu’à la mort. (Centesimus annus, 54) L’encyclique Centesimus annus (1991) a été publiée pour le centenaire de l’encyclique Rerum Novarum de Léon XIII (1891), par le pape Jean-Paul II.
Le chrétien sait qu’il peut trouver dans la doctrine sociale de l’église ( appelée aussi pensée sociale) les principes de réflexion, les critères de jugement et les directives d’action sur la base desquels on pourra promouvoir un humanisme intégral et solidaire. (compendium de la DSE page 3)
La doctrine sociale de l’Église est née des préoccupations et des initiatives de chrétiens qui, nourris de l’Évangile et de l’expérience de leurs frères, ont cherché à répondre aux questions de la société dans laquelle ils étaient engagés.
La doctrine sociale de l’Église n’est pas une pensée figée, elle s’élabore en réponse aux défis de chaque époque. Doctrine vivante, elle témoigne de la diversité des problématiques sociales abordées depuis le XIXe siècle.
Depuis l’encyclique de Léon XIII, Rerum Novarum, publiée en 1891 au début du monde industriel et de ses conséquences sociales et sociétales – et souvent considérée comme 1er document de fond traitant du sujet au sein de l’église – de nombreux textes magistériels en balisent régulièrement le développement.
Découvrir l’horizon historique dans lequel elle s’inscrit et son évolution est essentiel. On peut citer que dès 1822 des prêtres et des laïcs catholiques avaient mis en place des institutions sociales pour faire face aux problèmes liés à l’industrialisation, que des intellectuels comme La Mennais et Ozanam avaient réagi avec vigueur aux situations nouvelles de paupérisation. Le père Gabriel Deshayes était très sensible à cette dimension de la foi et avait beaucoup œuvré pour les pauvres, les oubliés…etc.
Pour élaborer sa pensée sociale, l’Église puise donc à de nombreuses sources : La Bible, et en particulier l’Evangile, La raison et la « loi naturelle », L’observation des « signes des temps », Les réflexions des papes successifs et L’expérience des chrétiens engagés sur les terrains sociaux.
À travers les textes de la doctrine sociale émergent peu à peu plusieurs principes, véritables critères d’orientation et de discernement de l’agir social-chrétien. On peut en lister neuf que l’Église reconnaît comme intimement liés à la dignité humaine.
Dignité de la personne humaine ( tout l’Homme et tout Homme)
L’Homme a été créé par Dieu comme unité d’âme et de corps. Grâce à sa spiritualité, l’homme dépasse la totalité des choses et pénètre dans la structure la plus profonde de la réalité. Il possède 2 caractéristiques différentes : c’est un être matériel lié à ce monde par son corps et un être spirituel ouvert à la transcendance et à une vérité plus profonde, grâce à son intelligence. L’homme existe comme être unique et inimitable, en aucun cas, la personne ne doit être manipulée à des fins étrangères à son développement. Ni sa vie, ni le développement de sa pensée , ni ses biens, ni ceux qui partagent son histoire personnelle et familiale, ne peuvent être soumis à d’injustes restrictions dans l’exercice de ses droits et de sa liberté.
Destination universelle des biens.
Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples. Les biens de la création doivent donc équitablement affluer entre les mains de tous, selon les règles de la justice inséparable de la charité. Chaque Homme doit avoir la possibilité de jouir du bien-être nécessaire à son plein développement. C’est un droit naturel, inhérent à l’individu, à chaque personne et il est donc prioritaire par rapport à toute intervention humaine sur les biens. Cela dit, s’il est vrai que toutes les personnes naissent avec le droit à l’usage des biens , il est tout aussi vrai que, pour en assurer un exercice équitable et ordonné, des interventions règlementées sont nécessaires, fruits d’accords locaux, nationaux et internationaux, ainsi qu’un ordre juridique qui détermine et spécifie cet exercice.
Bien commun
De la dignité, de l’unité et de l’égalité de toutes les personnes, découle avant tout le principe du bien commun auquel tout aspect de la vie sociale doit se référer. C’est l’ensemble des conditions sociales qui permettent tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée. Le bien commun engage tous les membres de la société ; aucun n’est exempté de collaborer, selon ses propres capacités, à la réalisation et au développement de ce bien. Parmi les nombreux textes traitant du bien commun, on peut citer « Notre BIEN COMMUN » publié par la C.E.F.(en 2014 pour le tome 1, 2016 pour le tome 2) et analysant le bien commun à travers la politique, le travail, la propriété, les familles, les migrations, la solidarité, l’écologie, la laïcité ou encore l’entreprise)
Option préférentielle pour les pauvres
Le principe de destination universelle des biens requiert d’accorder une sollicitude particulière aux pauvres, à ceux qui se trouvent dans des conditions de marginalité et à tous ceux dont les conditions de vie entravent une croissance appropriée. L’Amour de l’église pour les pauvres prend sa source dans l’évangile des béatitudes et plus largement dans l’attitude de Jésus vis-à-vis de ses frères. Cette option préférentielle pour les pauvres a été réaffirmée à plusieurs reprises par Saint Jean-Paul II et est au cœur du message et des actions de notre Pape François.
Subsidiarité En lien direct et constant avec la dignité de l’Homme qu’il faut sans cesse promouvoir. C’est la reconnaissance : de la personnalité créative du citoyen, de la liberté responsable de l’être ou des groupes de base, de l’importance fondamentale des lieux et des modes de vie. Le principe de subsidiarité protège les personnes des abus des instances sociales supérieures et incite ces dernières à aider les individus et les corps intermédiaires à développer leurs fonctions. A l’application de ce principe correspondent le respect et la promotion effective de la personne et de la famille ainsi que la mise en valeur des associations et des organisations intermédiaires. C’est à ce niveau que la réflexion, la participation, l’organisation, la décision doivent se faire. Les organisations supérieures doivent aide et assistance aux organisations inférieures…
Participation
La conséquence caractéristique de la subsidiarité est la participation qui s’exprime essentiellement, en une série d’activités, à travers lesquelles le citoyen, comme individu ou association avec d’autres, directement ou au moyen de ses représentants, contribue à la vie culturelle, économique, sociale et politique.
Solidarité
Elle confère un relief particulier à la socialité intrinsèque de la personne humaine, à l’égalité de tous en dignité et en droits. Elle doit être saisie avant tout, dans sa valeur de principe social ordonnateur des institutions. C’est également une vertu morale et non un sentiment de compassion, elle est détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun c’est-à-dire le bien tous et de chacun.
Justice C’est une valeur qui s’accompagne de l’exercice de la vertu morale cardinale qui lui correspond ; dans sa formulation la plus classique elle consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui lui est dû ! La justice dite générale est régulatrice des rapports sociaux sur la base du critère de l’observance de la Loi. A la justice, la doctrine sociale de l’église associe celle de la solidarité comme voie privilégiée de la paix. La justice est nécessaire, mais pas suffisante, elle doit être accompagnée de liens sociaux fraternels facilitant le vivre ensemble, nourrie par la charité.
Charité
Parmi toutes les voies parcourues pour traiter la question sociale, la meilleure de toutes est la voie tracée par la charité qui doit être considérée comme critère suprême et universel de l’éthique sociale . Née de l’Amour divin, la charité est capable de susciter des voies nouvelles pour affronter les problèmes de notre monde et devient donc charité sociale et politique.